De quoi sera fait le cabinet médical du futur ? Qu’est-ce que les patients trouveront dans le cabinet médical du futur, dans le sillage de la digitalisation de la santé ? Sébastien Mabillard, CEO de Swiss Digital Health, s’est attelé, à l’occasion d’une conférence donnée fin novembre dernier lors des Assises de la Médecine Romande, à donner quelques orientations et visions sur ce thème qui intéresse aussi bien les professionnels de santé que les patients.
L’expert en santé digitale propose d’explorer le parcours de soin d’un patient diabétique en 2025. Ainsi, demain, à l’aide de divers objets connectés et biocapteurs, la santé du patient sera continuellement « traquée », ce qui facilitera le dépistage et le suivi par le médecin. Ce dernier pourra s’appuyer sur un assistant médical d’un nouveau genre, un chabot ou agent conversationnel qui, doté de la fameuse intelligence artificielle et disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pourra fixer des rendez-vous et interroger le patient sur son état de santé.
« L’expérience d’une consultation en cabinet sera tout autre que celle que nous connaissons aujourd’hui », souligne Sébastien Mabillard. Par exemple, l’accueil ne sera plus assuré par un ou une assistant(e) médical(e), mais bien par le patient lui-même qui documentera chacune de ses visites via une tablette.
Données métaboliques collectées en 45 secondes
Les examens de laboratoire seront effectués au travers d’un scanner corporel high-tech bardé de capteurs qui mesurera toutes les données métaboliques de base en à peine 45 secondes. Des tests sanguins seront également effectués afin de déterminer le profil ADN du patient et repérer d’éventuelles prédispositions génétiques à certaines maladies.
Concernant la consultation à proprement parler, Sébastien Mabillard insiste : « nous ne serons pas suivis par les nouvelles technologies, mais bien par des professionnels de santé, qui pourront compter sur l’aide des technologies ». L’intelligence artificielle viendra compléter l’arsenal diagnostique du médecin en allant puiser ses connaissances dans des bases de données riches de milliards de génomes, publications et imageries médicales. Finalement, la prescription d’objets connectés et de capteurs biométriques deviendra une réalité pour le suivi « en temps réel » du patient ainsi que le dépistage, élément crucial pour l’évolution vers une médecine préventive.
Des nouveaux modèles déjà en place
Bien conscient que ses propos sonnent comme la musique d’un avenir encore lointain, Sébastien Mabillard rappelle que ce sont bien les nouveaux modèles de parcours de soin déjà existants qui ont inspiré son argumentaire.
Par exemple, le cabinet médical de la start-up américaine Forward, où tout est pensé pour tirer profit des nouvelles technologies et qui, pour 149 $ par mois, donne accès au patient à un nombre illimité de consultations. Ou encore les « Walk-in-Clinics » déployées activement aux Etats-Unis, mais aussi chez nous, notamment à Bâle, en gare de Genève et à Vevey, qui permettent de se faire diagnostiquer, soigner et passer un examen sans rendez-vous, au détour d’un magasin, d’une pharmacie ou d’un lieu de passage. Sébastien Mabillard pense également aux assurances intégrées, qui ne couvrent plus seulement le risque, mais proposent d’assurer « la bonne santé » de ses affiliés au travers de programmes de bien-être.
Ainsi, avec ces nouveaux modèles et la généralisation de la télémédecine et des chatbots médicaux, le cabinet va progressivement se dématérialiser. « On estime à l’avenir qu’un tiers des consultations se produiront virtuellement », rappelle Sébastien Mabillard.
Cinq technologies « impactantes »
Sébastien Mabillard détaille en outre cinq technologies qu’il juge les plus impactantes pour le cabinet médical du futur :
- Les capteurs et dispositifs connectés, qui connaissent une concurrence acharnée notamment avec la présence des géants du numérique, les fameux GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple).
- L’intelligence artificielle, dont il rappelle qu’« elle ne se limite pas à des robots ! » et fera partie intégrante de notre vie quotidienne, de la prise de rendez-vous à l’établissement du diagnostic, tel que Babylon Health, la start-up anglaise qui collabore de près avec les hôpitaux du NHS pour désengorger les urgences.
- La réalité virtuelle, déjà utilisée notamment pour soigner diverses phobies, soulager les douleurs chroniques et faciliter la formation des étudiants en médecine, à l’image de SimforHealth.
- L’impression 3D, outil de la médecine personnalisée, promet de se généraliser notamment dans la réalisation de plâtres en nylon et sur mesure, l’impression de comprimés approuvés par la FDA tel que le médicament contre l’épilepsie Spritam, la bio-impression de cellules humaines.
- La génétique clinique, ou « direct-to-consumer genetics », autre domaine de la science qui progresse très rapidement et dont l’exemple de réussite le plus connu est celui de la start-up suisse à succès Sophia Genetics ou de la jeune pousse américaine 23andMe.
A l’aube d’une révolution
Pour conclure, Sébastien Mabillard résume la situation en 3 points. Premièrement, l’expérience du patient en cabinet médical a peu changé au cours des 50 dernières années. Cependant, la vitesse à laquelle l’innovation se produit aujourd’hui et atteint le marché du grand public, signifie que nous sommes à l’aube d’une révolution, facilitée par une certaine émancipation de la population, toujours plus connectée et autonome dans la prise en charge de leur santé grâce aux nouvelles technologies.
Deuxièmement, de nouveaux acteurs gravitent autour du système de santé qui est en train de vivre une véritable industrialisation où le monopole connu jusqu’ici laisse place à une concurrence acharnée.
Finalement, ce n’est rien de moins que la relation patient-médecin qui sera totalement chamboulée, passant « d’une relation paternaliste à un partenariat ».
Visionnez également l’interview de Sébastien Mabillard à propos du cabinet connecté présenté par Swiss Digital Health lors des Assises de la Médecine Romande:
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À suivre: En immersion dans le cabinet médical connecté