La crise sanitaire et sociale liée au coronavirus a paralysé une partie du monde depuis le début de cette année. Dans cette période suspendue, des PME tirent leur épingle du jeu. De la data intelligence à la télémédecine, les startups helvétiques sont en plein essor dans le secteur de la santé numérique. Profitant d’opportunités laissées vacantes par d’autres acteurs du marché de la santé, elles développent des solutions innovantes et grignotent des parts de marché. Eclairage sur ce phénomène.
Estimé à 103,1 milliards de dollars en 2019, le marché mondial de la santé numérique devrait atteindre 385,8 milliards en 2025, selon QYResearch. Ces chiffres, publiés en octobre 2019, devraient augmenter suite à la pandémie actuelle. En effet, la demande croissante de soins médicaux, combinée à la distanciation sociale conduit actuellement à un pic d’utilisation des applications de télémédecine (la demande a triplé à la mi-mars à la suite de l’annonce de la Confédération). Facilitant l’accès à cette technologie émergeante, début mars, l’agence américaine de régulation, la FDA, a assoupli dans une nouvelle directive. l’application des dispositifs de surveillance des patients à distance et des logiciels de soutien à la décision clinique liés au coronavirus En Suisse, un autre coup de pouce bienvenu : la Confédération et les banques proposent un soutien financier avec la création d’un programme de garantie pour les PME. アダルト
La télémédecine, service phare de la medtech suisse !
Connue pour abriter plusieurs start-ups prometteuses dans le secteur des medtechs, la Health Valley voit un développement important de la médecine connectée sur son territoire depuis l’arrivée du COVID-19. Après des années difficiles, notamment liées à l’absence d’accord-cadre avec l’UE, la pandémie semble arriver à point nommé pour la branche, et plus spécifiquement pour la consultation médicale en ligne. Dans le journal Le Temps, Jean Gabriel Jeannot prédit même : «En raison du coronavirus, nous allons gagner dix ans sur le développement de la téléconsultation». En effet, certains entrepreneurs romands tirent leur épingle du jeu sur ce marché.
Lancé en urgence le 23 mars dernier, le service de consultation médicale en ligne, OneDoc a rencontré un succès immédiat dès sa sortie, avec quelque 400 consultations vidéo quotidiennes. Fort de ses collaborations avec des groupes médicaux, notamment Magellan et Arsanté, Arthur Germain, CEO et co-fondateur de la jeune entreprise genevoise, déclare : ” Une grande partie des 1600 professionnels de santé clients de la plateforme ont eu recours à ces consultations en ligne depuis le lancement du service.” A la base conçue pour la prise de rendez-vous, la plateforme OneDoc a su se réinventer et inclure un module de consultation vidéo pour répondre à la demande du marché actuel.
Basée sur la Riviera vaudoise, la start-up Soignez-moi.ch multiplie les partenariats avec les établissements de santé depuis le début de la crise. Offrant également un service de téléconsultation, elle collabore avec l‘Hôpital de Bienne, à de La Tour, et depuis le 1er mai avec le TCS. Son développement est fulgurant ! Romain Boichat, directeur opérationnel de Soignez-moi.ch indique “Une collaboration entre les différents acteurs du système de santé permet d’améliorer la prise en charge des patients et de répondre à leur demande. Ils sont ainsi traités pour des cas simples qui ne nécessitent pas une visite médicale. Cela représente plusieurs centaines de cas par semaine“.
Nouvel acteur sur le marché de la télémédecine, «Que dit le pédiatre?» se veut être le premier cabinet médical de consultation pédiatrique en ligne. Cette application mobile permet aux parents d’obtenir un rendez-vous immédiat ou planifié avec un pédiatre expérimenté qui examine leur enfant par vidéoconférence. Porté par Maddalena di Meo, fondatrice de la start-up Baby & Kids Care, ce service lancé pendant la pandémie veut désengorger les urgences de la “bobologie” et offrir une réponse plus rapide aux parents grâce à la consultation en ligne.
Quant à Medgate, l’un des leaders suisses du secteur de la téléconsultation en Suisse, elle a été mandatée par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour exploiter l’infoline sur le coronavirus. Aux dernières nouvelles, la hotline ne subissait plus les assauts de ses débuts (2’000 appels par jour selon le journal PME), elle atteint aujourd’hui les 170 appels quotidiens (selon le Nouvelliste au 31 mars).
Une transition numérique s’accélère
D’autres technologies ont su saisir la brèche ouverte par la crise du coronavirus. La start-up suisse Ava Women, a su se profiler en transformant l’utilisation de son bracelet de fertilité connecté en une solution de détection et de contrôle de l’évolution des patients atteints du virus COVID-19. Comment ? En utilisant les mesures des paramètres physiologiques récoltées par le bracelet telles que la fréquence respiratoire, la température ou encore la variabilité du rythme cardiaque. La PME est actuellement en train de faire tester sa solution aux chercheurs et aux professionnels de santé.
La solution de la startup valaisanne, Calyps, fait également l’objet de toutes les attentions. Spécialisé dans l’intelligence des données (data intelligence), Calyps a développé un logiciel permettant, au moyen d’algorithmes, d’anticiper le nombre de personnes se rendant aux urgences. Contactée par plusieurs hôpitaux de Suisse romande et Centres de soins français, la start-up prend son essor durant cette crise sanitaire. Avec une fiabilité de prévision de 90% à cinq jours, elle se révèle être un outil indispensable durant une pandémie.
« En Suisse, il y a encore certains blocages, estime Tony Germini, CEO de Calyps dans le journal PME. Mais la crise actuelle va certainement faire évoluer les mentalités pour accélérer la transition numérique dans la santé, notamment dans le partage des données médicales entre professionnels. » Dans le même journal, Patrice Hof, secrétaire général de l’association intercantonale CARA qui met en place le dossier électronique du patient dans toute la Suisse romande, renchérit : «Il est probable que cette crise sanitaire mette en évidence les besoins du pays en matière de cybersanté, et permette ainsi à l’avenir d’accélérer l’adoption de certaines solutions en vue d’anticiper au mieux l’arrivée de nouvelles pandémies». Le Crédit Suisse souligne dans un même temps que “ le marché est arrivé à une maturité suffisante, les dispositions réglementaires sont établies, et les technologies se sont implantées de sorte qu’une diversification est possible.” L’âge d’or de la medtech suisse serait-il arrivé ?